El Watan

Né à Lemsella (Illoula Oumalou), Zayen a eu une carrière artistique remarquable à l’étranger. Ukraine, Allemagne, France, Barcelone, Maroc,  Turquie, Belgique, il a sillonné plusieurs pays du monde pour essaimer gaieté et paix entre les peuples.

En 2008, il crée à Paris son association Les Artistes des couleurs et de la diversité, un réseau professionnel et de solidarité qui fédère déjà 400 artistes. La même année, il organise une journée festive sur la place de la mairie d’Aubervilliers où se croisent chansons africaines, françaises, indiennes et brésiliennes. Après quelques spectacles en Kabylie, il revient pour une tournée à l’est du pays à partir du 15 septembre. Dans cet entretien, il nous parle de sa carrière et de ses projets.

– Lemesella, Baden Baden, Barcelone. Vous voyagez beaucoup à travers vos chansons…
Lemsella est un hommage à mon village natal. C’est une chanson que j’ai composée en 2010 lors de la Fête de la figue. Sachez que je suis très attaché à mes racines, car elles sont là dans les pierres et la terre de mes ancêtres, dans l’odeur des oliviers et des figuiers, dans les saveurs de la cuisine de ma mère, les youyous de ma grand-mère et dans le visage des miens qui s’éclaire d’un sourire quand je reviens dans mon village natal. Une question qui m’est souvent posée : pourquoi Baden-Baden ? Baden-Baden est tiré d’une histoire vraie. Je vais vous la raconter : en 1945, un soldat kabyle refuse la guerre et devient déserteur. Cette désertion a été l’occasion d’heureux moments, comme par exemple l’amour pour une Allemande qui l’a littéralement désarmé par sa beauté. Cette femme symbolise la liberté et les sentiments profonds. Le soldat, revenu au pays après le conflit, raconte son histoire vécue à Baden-Baden à un jeune homme qui se met à rêver de liberté, d’amour, de beauté, d’espace, d’alcool et de femmes. Ce jeune vieillit avec l’espoir de connaître cette ville. Mais devenu vieux, il échouera avant l’ancrage du bateau sur la route pleine d’espoir vers Baden-Baden, la ville de ses caprices inavouables. J’ai aussi chanté une autre ville Barcelona, mais cette fois-ci c’est une histoire de jeunes qui partent de leur village à la recherche du bien-être et d’une vie qu’ils croient meilleure, laissant derrière eux leur famille. Clandestins, ils traversent la Méditerranée et se retrouvent à Barcelone, en Espagne, dont ils admirent la beauté. L’un des jeunes gens n’a pas pu partir, mais il fait tout pour retrouver ses amis. Un jour, une occasion se présente pour les rejoindre à Barcelone. Mais il vient de rencontrer une jeune fille de son village. C’est décidé, il ne part plus. Il privilégie son amour pour rester auprès de celle qu’il aime.

– Comment est né cet amour pour la musique ?
La musique est dans ma vie depuis mon plus jeune âge. En effet, j’ai été bercé par les chants anciens de Kabylie et j’ai toujours chanté les chansons que j’entendais à la radio. De plus, je me produisais dans les lycées Chihani Bachir à Azazga et Bouzeguène. Je garde un très bon souvenir de Boudjema Agraw qui m’avait donné l’opportunité  de monter sur scène avec lui pour la première fois dans les années 1990. Je profite de cet entretien pour le remercier. Avant de quitter le pays, j’ai enregistré mon premier album, en 1994, intitulé Imawlanis et en 1998 mon deuxième album, Ouraled. J’ai été invité plusieurs fois par les radios et télévision algériennes. En 1999, j’arrive en France et je découvre les plus grandes scènes parisiennes, comme le Zénith, le Palais des sports, le Palais des Congrès. Puis, je me suis produit dans différents festivals en France et en Europe. C’est ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de musiciens et d’artistes de divers horizons avec qui j’ai pu collaborer dans mes derniers albums  Baden-Baden et Barcelona.

– Vous avez pris part à de nombreux galas à l’étranger. Comment avez-vous ressenti la réaction du public ?
J’ai chanté dans plusieurs villes à l’étranger et je trouve que le contact avec d’autres publics m’a permis de me faire connaître ailleurs et de promouvoir mon style musical et ma culture. Certes, le public ne comprend pas forcément les paroles, mais il apprécie ma musique. Pour moi, la musique permet de partager, de communiquer et de rassembler les gens. Elle est aussi un levier de dialogue entre les cultures, quand la barrière de la langue ou les comportements sont parfois source d’incompréhension.

– Qu’en est-il de la tournée nationale prévue en septembre avec l’OREF ?
Je serai en tournée du 15 au 19 septembre dans l’est du pays. C’est une tournée organisée par l’OREF. Le 15 septembre à Sétif, le 16 à Batna, le 17 à Constantine, le 18 à Skikda et le 19 septembre à Annaba. Et beaucoup d’autres dates sont à venir, j’attends la confirmation d’autres villes de l’Ouest et du Sud.

– Quels sont les chanteurs qui vous inspirent ?
J’écoute beaucoup Slimane Azem et beaucoup d’autres artistes algériens, mais j’aime aussi écouter et découvrir les musiques du monde et rencontrer des artistes de différentes cultures. Je suis ouvert à toutes les sonorités.

– Que pensez-vous du phénomène du piratage des œuvres musicales ?
Des millions de personnes téléchargent maintenant gratuitement des musiques et des vidéos sur Internet. Ce phénomène détruit la production et les artistes. C’est au niveau international que le problème se pose, il faut une mobilisation contre le piratage pour encourager la création et lutter contre le téléchargement illégal et protéger les droits des œuvres. On nous parle souvent de l’Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), qui dispose de deux commissions. L’une pour les consommateurs et l’autre pour la prévention et la sanction de toute atteinte au droit d’auteur. Son rôle est d’envoyer des mails d’avertissement à toute personne ayant commis un acte de contrefaçon. Mais, malheureusement, elle n’a pas rempli sa mission et  le problème du piratage persiste.

– Que fait Zayen en-dehors de la musique ?

Toujours dans la musique, mais dans l’organisation. J’ai créé une association d’artistes en France en 2008, (Association artistes des couleurs et diversité) (ACD), un réseau professionnel et de solidarité qui fédère déjà 400 artistes. Je prépare une action avec mon association du 7 au 17 décembre 2012, qui réunira des participants issus de 6 pays, «Euromed» (Allemagne, France, Algérie, Maroc, Turquie, Tunisie). Le projet s’intitule «L’art au service de la lutte contre les discriminations et l’exclusion».

– Quel est votre plat préféré ?

J’aime nos plats traditionnels, berkoukès, ameqful.

– Vos projets pour l’avenir ?

Je prépare un film documentaire sur ma carrière en Europe et en Algérie et la sortie d’un autre film en DVD De Lemsella à Baden-Baden, que j’ai réalisé moi même en 2009.

– Le mot de la fin…
Un message de paix, d’amour et de fraternité entre tous les hommes du monde.

Entretien réalisé par Ahcène Tahraoui




Avec l’album Barcelona, Zayen frappe fort !

C’est du moins ce que l’on peut dire du nouvel album de Zayen, intitulé Barcelona.

En effet, l’étoile montante de la chanson moderne amazighe, après Imawlan-is, Ughaled et Baden Baden qui ont connu un franc succès, offre aux férus de la belle musique moderne d’autres délectations. L’album comporte treize chansons à écouter absolument, car elles sont toutes aussi attrayantes les unes que les autres, d’autant plus que les paroles sont porteuses de messages où la nostalgie de sa belle Kabylie côtoie les «boat people», ces jeunes harraga qui rêvent de l’eldorado, le désir ardent de voir les peuples s’unir autour de la paix, la liberté, l’amour et la fraternité (Sosta-Sosta).

Zayen chante également l’amour dans Ardjuyi (Attends-moi) et dénonce l’intégrisme religieux à travers Haw-Haw ! Ainsi et à propos de nostalgie, Lemsella, son village natal qu’il décrit avec amour, Anecc aneqqim, où le chanteur évoque les périodes hivernales, qui malgré leur dureté qui freine toutes les activités permettent un meilleur resserrement des liens familiaux autour des plats traditionnels propres à cette saison, et Tigzirine, la fontaine de son village, l’endroit où les enfants se retrouvent après chacune de leurs «sympathiques bêtises», comme celle de marauder dans les vergers avoisinants, en sont la parfaite illustration. Mieux encore, Zayen y exprime son attachement aux racines dont il est issu et qui ont fleuri son essence. Dans la chanson Nused (nous sommes venus), c’est le vœu de rapprochement entre les peuples qui est exprimé. Les langues, les cultures et la musique en sont le ciment. Dans cette chanson qu’il «partage» d’ailleurs avec la chanteuse bengalie Kumkum, Zayen a réussi avec brio l’assortiment tant du point de vue des paroles qu’au niveau musical.

La chanson sentimentale a également sa place dans le riche répertoire du chanteur kabyle. Ardjuyi (Attends-moi !) et Ay imawlan-is, qu’il interprète excellemment en duo avec Kumkum, illustrent parfaitement le sujet. Sur le plan des compositions musicales, Zayen est sorti de l’ordinaire en adjoignant aux traditionnels instruments d’autres pas très usités en Algérie. En plus de la cornemuse, Zayen a introduit le «dotara», instrument d’origine perse, la bombarde, un instrument à vent employé dans la musique bretonne, le tablâ qui est un instrument de musique indien et l’accordina, un instrument mi-accordéon, mi-harmonica.

Ce nouvel enregistrement ne manquera certainement pas de susciter l’engouement du public, à commencer par celui de Tizi Ouzou, qui a eu lieu samedi dernier.

Source: El Watan – 24/07/2011


“Il faut construire des passerelles entre les cultures”

Lundi, 06 Août 2012 : Zayen, artiste, au journal “Liberté”

Par : Mohamed Mouloudj

Article sur le site du Journal : http://www.liberte-algerie.com/culture/il-faut-construire-des-passerelles-entre-les-cultures-zayen-artiste-a-liberte-183188

Ce jeune artiste prometteur revient dans ce bref entretien sur ses projets dans le domaine de la chanson. Pour ce féru “de mélange” des cultures, il est impératif de construire des passerelles entre les peuples. Il animera un spectacle, le 15 août, à la maison de la culture de Tizi Ouzou.

Liberté : Vous vivez en France et vous faites souvent le déplacement pour donner des concerts ici en Algérie, notamment en Kabylie, quel est ce lien qui vous lie autant à votre public ?

Zayen : Oui, effectivement je viens souvent, car le public me soutient et m’encourage énormément, et me donne beaucoup d’énergie. C’est un public fidèle et enthousiaste qui me donne envie de me rapprocher encore de lui. J’ai envie de venir avec mon équipe avec qui j’ai l’habitude de travailler en France et en Europe pour faire découvrir à mon public des choses rares et surtout lui offrir un spectacle original, mais pour le moment aucune réponse de la part des organisateurs.

Vous êtes programmé dans plusieurs localités, peut-on en avoir les détails ?

Le 6 juillet j’ai chanté à Tigzirt pour la première fois, dans le cadre du festival de danse folklorique, où j’ai rencontré la troupe de danse mauritanienne, que j’ai invitée sur scène pour danser sur ma chanson “Baden-Baden”, et par la suite ils m’ont invité pour faire un passage au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou le 9 juillet. C’était génial ! J’aime bien faire des mélanges, car je pense qu’il faut créer des liens et construire des passerelles entre les cultures. Le 3 août, j’ai donné un spectacle à Bouira, et le 15 août, je serai à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et beaucoup d’autres dates sont à venir.

Avez-vous des projets pour cette année ?

Je viens de terminer le clip de la chanson “Lemsella” que je dédie à mon village et à tous les villages kabyles. Il va être diffusé sur des chaînes de télévision, sur internet et les réseaux sociaux. Un nouvel album et un film documentaire de 52 minutes sur mon parcours est en préparation. Je prépare aussi une action avec mon association, Artistes couleurs diversité (ACD), à Aubervilliers du 7 au 17 décembre 2012 réunissant des participants issus de 6 pays Euromed (France, Allemagne, Turquie, Maroc, Algérie, Tunisie). Le projet s’intitule “l’Art au service de la lutte contre les discriminations et de l’exclusion”.

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